Plantes sauvages comestibles, un garde-manger à notre portée!
Il fût un temps où il était normal de se promener dans les prés et forêts à la recherche du prochain repas, où chaque allez et retour pour faire une tâche étaient ponctués d’arrêts en chemin pour récolter plantes et champignons. Nul besoin de retourner à l’âge de pierre pour retrouver ce genre de scénario, nos grands-parents ou arrière-grands-parents connaissaient de nombreuses plantes sauvages comestibles même si bon nombre d’entre eux avaient un potager. Ma grand-mère italienne d’ailleurs nous préparait une soupe constituée de 25 sortes de plantes, c’était pour les grandes occasions, parce que ça lui prenait tout l’avant-midi à récolter!
Les mauvaises herbes d’aujourd’hui sont souvent les légumes d’autres fois, chénopode blanc (chou gras), ortie et pissenlit en tête de ligne! Les nobles et bourgeois avaient commencé à délaisser ces légumes de pauvres pour incorporer de nouvelles saveurs plus exotiques et raffinées rapportées par les explorateurs, comme les tomates par exemple. L’exode rural et le développement industriel ont aussi influencé l’abandon de l’alimentation d’autrefois, la densité urbaine augmentait, les espaces verts réduisaient, les ouvriers n’avaient plus le temps et la matière à récolter. S’est enclenchée une réduction du nombre de variétés de légumes pour être en mesure de produire plus et pour suivre la mode des bourgeois. Puis ces légumes nouveaux ont été croisés maintes et maintes fois pour arriver à nos légumes d’aujourd’hui, qui d’ailleurs ont une valeur nutritionnelle moindre qu’il y a quelques décennies.
Alors, si on renouait avec ces légumes oubliés? Ils sont partout autour de nous, encore plus présents que vous ne pouvez l’imaginer! Mais avant tout, il faudra vous munir de quelques livres d’identification des plantes, car elles peuvent se ressembler et toutes ne sont pas comestibles. Il est important de récolter respectueusement, c’est-à-dire, de ne pas tout récolter, ne ramassez jamais plus que le tiers pour être certain de que la plante ou la talle puisse continuer à se développer. Par ailleurs certaines espèces sont en difficulté, alors pour celle-ci, peut-être vaut-il mieux passer votre chemin.
4 plantes faciles à reconnaître pour vous initier
Pissenlit (Taraxacum officinale)
On y retrouve quelque chose de bon à tous les stades de croissance! Les feuilles sont délicieuses en salade, mais elles sont à ramasser avant que les fleurs sortent, après il vaudra mieux les cuire pour éliminer l’amertume. Les jeunes boutons floraux, lorsqu’ils sont encore aplatis, sont bon cru dans une salade ou mariné comme des câpres. Les fleurs ouvertes et les racines sont aussi comestibles. Ce qui est surprenant, c’est que les feuilles sont riches en protéines et qu’il y a plus de provitamine A que dans la carotte.
Ortie dioïque (Urtica dioica)
Elle pique les doigts, mais elle est tellement nutritive que ça vaut la peine de l’apprivoiser! Ses feuilles contiennent deux fois plus de protéines que le soja, en plus de contenir de la vitamine A, C et des sels minéraux. Vous pouvez porter des gants pour la cueillir ou prendre les feuilles par en dessous. Pour éliminer l’effet urticant de ses feuilles, vous pouvez, les écraser, les rouler ou les hacher, ce qui vous permettra de les manger crues. Vous pouvez également les manger cuites, en soupe, gratins, quiches, pizzas et, etc.
Quenouille (Typha latifolia, Typha angustifolia)
Une autre plante qui regorge de parties succulentes à tous les stades de croissance! Le cœur, les rhizomes, les griffes, les jeunes pousses, l’épi, le pollen et les fleurs se mangent. À des niveaux différents selon les parties de la plante, on y retrouve des protéines complètes, de l’amidon et plusieurs vitamines. Cependant, il est primordial de bien choisir où vous récolterez la quenouille puisqu’elle agit comme filtre à polluants et toxines, donc choisissez-la loin des routes et de l’activité humaine.
Plantain majeur (Plantago major)
C’est LA plante que l’on piétine toujours sans même s’apercevoir qu’elle existe! On mange les feuilles crues chez les jeunes plants ou cuites comme des épinards pour le reste de la saison. Les graines peuvent être broyées et ajoutées à de la farine. Le plantain est riche en protéines complètes et en vitamine C.
Pour aller plus loin
Il existe une très grande variété de végétaux que l’on peut manger. Pour en découvrir davantage, je vous recommande le livre Forêt écrit par les pionniers en matière de plantes sauvages comestibles, Gérald Le Gal et Ariane Paré-Le Gal. Nous abordons également le sujet lors de nos formations de survie en forêt.
Jessica Bertolacci, Espace Pekan
Cet article a été écrit pour le Journal Le Fidor de Saint-Élie-de-Caxton, dans la deuxième édition